Témoignage du Vice-amiral Olivier Lajous – “Une vie riche, passionnante avec la mer comme partenaire”

Né à Toulon au milieu des années 1950, j’ai été écolier, collégien puis lycéen à Brest dans les années 1960 et au début des années 1970.

Au cours de cette période de ma vie, j’ai passé toutes mes vacances d’été sur le bassin d’Arcachon. Dès l’âge de 6 ans j’ai commencé à sillonner les chenaux et esteys du bassin d’Arcachon à bord de petits voiliers, un monotype d’Arcachon puis des dériveurs type Vaurien, 420 et 470, mais aussi sur une pinasse et un Dragon, superbe quillard de régate. J’ai également navigué en rade de Brest et en mer d’Iroise à bord d’un Requin, autre très beau quillard de régate, et de monocoques de croisière. A 16 ans je suis passé par l’École de voile des Glénans pour être chaque été pendant trois ans moniteur de voile au Cercle de la Voile d’Arcachon. Au même âge, j’ai eu la chance de pouvoir faire une marée au large du Guilvinec à bord du Perle de l’Océan, chalutier de 17 mètres. J’ai également été scout marin à Brest pendant quatre ans et navigué à bord de canots en bois de 10 mètres en apprenant la gambille et la godille.

Puis j’ai rejoint la marine nationale que j’ai servi pendant 38 ans en étant embarqué pendant plus de seize années à bord de navires de toutes tailles : patrouilleur, dragueur, aviso, frégate, bâtiment de ravitaillement et de commandement et porte-avions, sillonnant la mer du Nord, l’Atlantique, l’océan Indien, l’océan Pacifique et la méditerranée.

Les aventures de mer ont été nombreuses, que ce soient les tempêtes, l’assistance à des navires en détresse, l’évacuation de réfugiés depuis les ports d’Aden et Beyrouth, l’arraisonnement du Rainbow Warrior 2 au large de Moruroa, ceux de nombreux boutres en mer d’Oman dans le cadre du conflit en Afghanistan, l’escorte de navires marchands dans le détroit d’Ormuz sous menace de mines sous-marine et de tirs de missiles pendant le conflit Iran-Irak,  l’arrestation de pirates au large de la Somalie, le contrôle maritime du détroit de Bab el Mandeb et de la zone des Ḩānīsh, le ravitaillement d’atolls en Polynésie, la participation à des opérations militaires de maintien de la Paix au large du Liban, de la Libye, du Yémen, de l’Érythrée, de l’Iran et de l’Irak.

J’ai aussi travaillé en état-major m’occupant de communication, de ressources humaines, de prospective et de conception de programmes navals, de relations institutionnelles et de conseil au sein du cabinet du ministre des Outre-mer.

Une vie riche, passionnante avec la mer comme partenaire, toujours exigeante mais surtout apprenante.
Elle est une école de vie sans pareille, invitant à l’humilité, à la solidarité, à la combattivité, mais aussi à l’ouverture aux autres, à l’action comme à la contemplation et à la réflexion. Elle a forgé mon caractère, m’a appris à travailler en équipage, à m’adapter aux aléas, qu’ils soient météorologiques, opérationnelles ou techniques, et plus encore humains.

Aujourd’hui, je peux dire que mes deux passions de jeunesse, à savoir la mer et le phénomène Humain, se sont conjuguées et m’ont permis de vivre tous mes rêves de voyage, d’aventure, de découverte d’un monde incroyablement beau, complexe, fragile, multiple.

Merci à mes parents qui m’ont laissé naviguer librement très tôt, et à la marine nationale qui m’a permis d’être un homme engagé au service des plus belles missions. Merci aussi à La Touline de me donner l’occasion de cette tribune et plus encore pour toute son action de promotion du monde maritime et de ses métiers.

Belle année 2022 à tout son équipage, pleine d’embruns et de vents portant post Covid !

 

Olivier Lajous